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* ALGER 26 MARS 1962 - II - Un assassinat d'Etat : le grand silence

Le cynisme ou la raison d'Etat. Le cynisme ou la raison d'Etat.
De Gaulle ou le contrôle absolu de l'information. De Gaulle ou le contrôle absolu de l'information.

*ALGER 26 MARS 1962 - V - Les victimes : les morts les blessés les disparus

Recherches aux archives d'Outre-mer. Recherches aux archives d'Outre-mer.
Les victimes de Bâb El Oued. Les victimes de Bâb El Oued.
Alger 26 mars : les morts et les blessés. Alger 26 mars : les morts et les blessés.
2.8 - LABOULBENE Jean-Marc : des gardes mobiles - les rouges - m'ont emmené, vêtu de mon seul pyjama et avec une seule pantoufle
VI - Les témoignages - Bâb el Oued le bouclage : Témoignages des assiégés

J'habitais 16 rue Eugène Robe à Bâb el oued dans le quartier Nelson. Ma mère était divorcée et j'ai été élevé par ma grand-mère. J'avais 19 ans.

Le 23 mars 1962, j'étais sur le balcon et j'ai vu une patrouille militaire se faire assaillir, devant le café Soler, par une dizaine de personnes autour de chaque soldat qui ont piqué leur arme. Les militaires se sont laissés faire tandis que tous ces hommes, jeunes et vieux ,se sauvaient en voiture.

En rouge le bouclage du quartier de Bab El Oued, en vert la rue Eugène Robe


Jean-Marc LABOULBENE

Le lendemain matin tandis que je dormais encore sur le divan du salon, nous avons entendu de grands coups violents donnés dans la porte d'entrée. Des gardes mobiles - les rouges- ont fait irruption dans toute la maison et bousculant ma grand-mère et ma mère, m'ont tiré brutalement de mont lit. Ils m'ont emmené vêtu de mon seul pyjama. Ma grand mère a eu juste le temps de me jeter un blouson sur le dos et je suis parti ainsi avec une seule pantoufle. J'avais perdu l'autre dans les escaliers tandis que j'entendais ma mère crier et pleurer. On m'a jeté dans un camion où il y avait déjà d'autres jeunes et des adultes. On nous a amenés dans une caserne et on nous a fait changer de camion. Nous avons attendu longtemps et tous les camions sont partis en convois escortés par des half-tracks. Nous sommes passés par Médéa, Boghar, Boghari et nous sommes arrivés à Paul-Cazelles, dans un camp de fellouzes, abandonné. On nous a donné deux couvertures et on nous a mélangés et répartis dans des baraquements. On a sorti les lits et on a brûlé les punaises logées par grappes dans les ferrailles des lits.

Nous sommes restés là une dizaine de jours sans aucune information. J'avais bien vu que l'officier qui nous a reçus, avait réagi à ma jeunesse - je paraissais bien plus jeune que mon âge - et nous avons bien été traités. C'est lui, qui m'a donné des chaussures, un pantalon et un pull à mettre sur ma veste de pyjama. On nous apportait même de l'anisette.

Et puis on nous a ramenés à Bâb el Oued au grand soulagement de ma mère et de ma grand-mère mortes d'inquiétude d'être sans nouvelles. personne ne savait où nous étions.

Ils ont aussi raflé un instituteur, un Français de France et cet instituteur a écrit à tout son village de ne jamais voter pour De Gaulle. Il avait été ramassé comme un moins que rien.

PAUL CAZELLES

Les cinq premières photos ont été achetées par Jean-Marc LABOULBENE sur un site internet de collectionneurs de photos anciennes.
Elles proviennent d'un CRS dont on ignore le nom et dont on ne sait pas s'il est vivant ou décédé aujourd'hui.


Témoignage de Jean-Marc LABOULBENE
3 octobre 2010
29 rue Saint-Exupéry
13580 La Fare les Oliviers

Président du Club des Collectionneurs d'Afrique Française du Nord (A.F.N.)
"La Mémoire à travers les Collections"
A.F.N. Collections
Maison Maréchal JUIN
29 avenue de Tübingen
13090 Aix en Provence


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